Court poème de Contrebann
En attendant un article plus complet sur Antiyaruch Contrebann, voici un court poème qu'il écrivit en 1981. Même si j'apprécie l'humour de Bann qui se cache derrière, je dois admettre que ce genre de texte me fait me demander sérieusement comment une telle supercherie a pu tenir quinze ans.
Je m'appelle Yaruch Bann
Et je suis une banane
Une grosse banane idiote
Avec une tête idiote
Regardez comme je suis stupide!
Yaruch Bann, 1981 (Antiyaruch Contrebann)
Il est presque dérangeant de constater que le recueil qui contient ce poème a eu des acheteurs , et même plus que certains recueils de Bann lui-même (on retiendra notamment l'échec commercial de l'ouvrage Sonnets blancs sur fond blanc, dont la critique a unanimement attaqué l'illisibilité). Même si j'aurais l'occasion de développer ce thème plus tard, je tiens à souligner la thèse soutenue par Yaruch Bann derrière ce genre de démarches: dans un monde aussi irrationnel que le notre, où il est de bon ton de développer systématiquement contre autrui des arguments sans valeur, la meilleure façon d'être favorable à quelqu'un est de devenir son adversaire. En imaginant ce personnage primaire, Bann essaie de s'attirer la sympathie des lecteurs sensibles à l'injustice des reproches d'Antiyaruch.
Plus tard, lors d'une interview, il expliquera qu'il a créé cette mascarade dans le but "de manger au moins une fois par jour, et surtout, de bien [se] marrer". Beaucoup contestent la légitimité de cette citation, étant donné qu'après l'avoir prononcée, Yaruch Bann a couru dans la pièce en battant des bras et en criant "Regardez-moi! Je suis la mouette mutante de Glasgow!". A chacun de se faire son opinion (sachez quand même que la mouette mutante de Glasgow était un personnage très estimé et très solennel présent lors des fêtes de Bann, et c'est d'ailleurs à son nom qu'était commandée la majorité de la nourriture)...