Yaruch contre Tintin
J'ai déjà discrètement parlé des "artistes avec un grand n"; il ne faut pas oublier les artistes que Bann détestait.
Il est vrai que l'on a souvent tendance à voir Yaruch Bann comme un esthète amoureux de toute chose, comme il le sous-entend d'ailleurs lui-même dans ce poème extrait des Ivresses, recueil de poèmes en prose écrits sous l'influence de l'alcool:
Toi t'es mon ami
Toi t'es mon ami
Toi t'es mon ami
Toi t'es mon ami
Toi aussi avec la tête de pizza t'es mon ami
Toi t'es mon ami
Vous êtes tous mes potes!
Mais on ne peut pas éluder le versant critique et satirique de Bann. Parmi les quelques artistes qu'il estime peu ou déteste, on peut citer François Mauriac ("ça manque de ninjas", écrira-t-il au sujet du Baiser au lépreux)
ou encore Hergé.
Il publia d'ailleurs des Contre-Tintin, albums de bande dessinée reprenant le monde de Tintin tout en dénonçant le colonialisme raciste de son auteur. Un scandale accueillit la publication de son Tintin à Auschwitz, en particulier ces paroles de Tintin à la page 25:
"Voilà une sacrée colonne de fumée, pas vrai mon bon Milou?"