Yaruch et la "poésie de cabaret"
Ta voix, petite poussière de satin
Est comme une chaussette de velours dans un thé du Maroc
Tes éclats d'amour trempent dans une chaude vigueur
Et je reçois ces gouttes de nirvâna sur ma nuque chavirante
Petite poussière de satin
Nos vies ne valent plus le soleil
Ta peau a le goût d'une gaufre sucrée
Petite ange de coton sur une boîte d'allumettes
Ton rire danse dans la nuit
Quand nos âmes se dessinent à travers la lumière grise
Petite poussière de satin
Nos vies ne valent plus le soleil
Tu cries sur l'asphalte, petite poussière de satin
J'entends ton odeur de citron, et je chante
Sur les accords d'un gyrophare bicolore
Je pars sans toi, je n'ai pas le choix
Petite poussière de satin
Nos vies ne valent plus le soleil
Cabaret du crépuscule (1984)
"J'aime beaucoup l'idée de la poésie de cabaret, cette esthétique du bas, du trivial, pour décrire la noblesse de la beauté. Pas besoin de savoir épeler "Sardanapale" pour faire de la poésie."
Yaruch Bann
Cette passion pour la poésie dite "de cabaret" hantera Bann durant toutes les années 80. "Cabaret du crépuscule" reste sûrement son chef d'oeuvre, de par la beauté des images figurées ("Petite ange de coton sur une boîte d'allumettes") et le caractère choquant de l'histoire suggérée (je vous laisse trouver par vous-même). Bann expliqua plus tard que pour une parfaite appréciation du poème, il fallait "se figurer un colosse de presque deux mètres en costume trois pièces avec une voix caverneuse face à une jeune fille surmaquillée quoiqu'infiniment jolie en robe débrayée, allongée sur un piano à queue."